Tollé contre le rosé

 

Tolé contre le vin rosé concocté par Bruxelle.
Sylvain Gombert (AFP)

 

Fin janvier, les 27 Etats membres ont voté un projet de directive autorisant le mélange de vin rouge et de vin blanc pour produire du rosé. Ce qui apparaît comme une mauvaise plaisanterie inquiète sérieusement les viticulteurs français. 

Rien ne va plus dans le monde du vin. Taxée d’être cancérigène, interdite de vente aux mineurs, cette boisson est maintenant remise en question par l’Europe qui rêve de mélanger vin rouge et vin blanc… pour obtenir du rosé. Fin janvier, les 27 Etats membres, France y compris, ont en effet adopté un projet de règlement autorisant la pratique de ce genre de coupage. Cette mixture beaucoup de blanc et un peu de rouge – inquiète les viticulteurs français. Selon les professionnels, ce projet mettrait en péril plusieurs dizaines de milliers d’emplois en France, particulièrement en Provence, grande productrice de rosé. «Ce serait un revers terrible alors que la consommation de rosé se développe considérablement depuis dix ans», explique François Millo, directeur du conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP). Selon la Commission, ce serait au contraire un moyen de libérer l’Europe des «entraves œnologiques» et d’ouvrir de nouveaux marchés, comme la Chine, expliquait le quotidien «Les Echos » dans son édition de mardi. Mais aussi un moyen de rivaliser avec l’Afrique du Sud et l’Australie qui pratiquent déjà le coupage du vin blanc et du vin rouge. 

Décision le 27 avril prochain 

Face au tollé provoqué en France par cette proposition, la Commission européenne a déclaré mercredi «réfléchir» aux moyens de prendre en compte les inquiétudes des producteurs français. «Nous sommes conscients des préoccupations des producteurs de certaines régions, comme ceux de Provence, et des préoccupations du ministre français de l’Agriculture Michel Barnier et nous réfléchissons» aux moyens d’y répondre, explique Michael Mann, le porte-parole de l’exécutif européen pour les questions agricoles. Ce dernier n’a pas précisé comment il comptait répondre à ce problème. Du côté des viticulteurs, des propositions ont déjà été formulées, notamment celle d’introduire un étiquetage spécifique pour différencier les rosés traditionnels de ceux produits à partir de mélange. Encore au simple stade de proposition, ce projet doit encore être soumis à l’avis de l’Organisation mondiale du commerce sur cette réforme. Un vote définitif doit intervenir le 27 avril prochain. 

«Le rosé, c’est subtil»  

S’il est déjà pratiqué dans certains pays, le coupage du blanc et du rouge est une hérésie pour les viticulteurs français. «Dans le monde, il y a une philosophie du rosé qui n’est pas celle de la France, explique François Millo. Le rosé de coupage a la couleur du rosé mais ce n’est en aucun cas du rosé.» Le rosé traditionnel est produit à partir de raisins rouges dont la pulpe et la peau sont macérées pendants une durée courte, de 6 heures à une journée. «Le rosé, c’est quelque chose de très subtil qui a beaucoup d’arôme. Ce coupage, ce n’est même plus du rosé», affirme également Linda Schaller, directrice commerciale du Château Les Crostes à Lorgues, dans le Var. Pour cette dernière, si la directive était adoptée, «on nous enlèverait quelque chose qui appartient à notre tradition.» Cette réforme s’inscrit dans un contexte plutôt positif pour le rosé alors que ses ventes sont en plein essor, à la différence du marché du vin rouge et du vin blanc. Sa consommation est en effet passée de 8% à 22% de la consommation totale des vins en France durant les quinze dernières années, selon le CIVP. 

http://www.cavesduroy.fr/catalogue/Vins-Roses/

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